« I love Rock n’ Roll »

J’ai l’impression d’avoir rencontré le vrai Rock à Newtown. Pour moi, aucune banlieue de Sydney n’a autant de caractère que ce quartier bohème couvert de graffiti où les groupes de musiques ne cessent de présenter leurs créations dans la rue. Un quartier aussi vivant qu’intéressant qui ne m’a jamais laissé indifférente. 

Chaque quartier est unique et dégage une identité propre avec des personnes de tous horizons. Nous retrouvons des commerçants qui se battent pour faire vivre leurs activités, des voisins parfois un peu trop bruyants, des personnes âgées qui souffrent d’isolement ou des sans-abris que nous oublions parfois. Toutes sortes de gens qui créent notre environnement proche finalement. Et pourtant, sommes-nous vraiment attentifs à eux quand nous les rencontrons sur le palier ? Combien d’entre nous avons redécouvert nos voisins lors du confinement ?

Danny, l’hipster australien.

Voisins au début puis amis quelque temps après, Danny a été la première personne hors de ma famille d’accueil à me faire découvrir la culture australienne. Sa générosité était surprenante, il m’avait même introduit dans le restaurant qui allait être plus tard mon lieu de travail. C’était sur le dancefloor, dans un concert, à l’église ou sur une planche de surf que je le retrouvais. Certains le désignaient comme un vrai poisson dans l’eau qui connaissait Newtown comme sa poche. J’appréciais ses surprises et sa capacité à investir dans son quartier auprès des personnes qui étaient juste à côté de chez lui. Il vivait totalement local.

« Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique. »

Platon

Derrière sa barbe longue et sa moustache travaillée, il était le plus heureux avec une guitare dans les mains. Jouant hors des sentiers battus et dans des groupes de musique très différents, il gardait la philosophie et l’esprit brut du rock. Sa passion pour la musique n’était pas négociable : elle était pour lui une forme d’art qui continuait de transcender les cultures et les générations. Il partageait ainsi sa passion dans son quartier.

Je revois encore Danny dans les rues de Newtown improviser un concert, en hauteur sur son rempart, il faisait sourire tous les passants. Il connaissait par cœur les musiciens et tous les bars dansants du quartier. Je devenais témoin de l’influence positive qu’il avait sur toutes les personnes qu’il côtoyait.

« Commencez par traverser le bac à sable du square de votre quartier »

Denis Langlois

En parallèle, il investissait dans des projets de proximité auprès des communautés pauvres. Il avait la vision d’un quartier transformé. Tous les jeudis, nous nous retrouvions dans un endroit simpliste, bienveillant et unique où tous les sans-abris du quartier étaient invités pour partager un repas. Les ressources humaines et alimentaires venaient de l’intérieur et l’objectif était orienté davantage sur les relations plutôt que sur les événements à répétitions. Dans cet endroit, Danny voyait un des espaces les plus authentiques au sein de sa communauté locale. Il raconte :

“Il n’y a pas de lieu plus propice pour connaître son voisin qu’en partageant un repas ensemble. C’est une expérience qui ne vieillit pas. Peu importe les antécédents, l’âge ou le statut social de quelqu’un, lorsque tout le monde s’assoit pour manger ensemble, cela crée un terrain de jeu égal, même si c’est juste pour le dîner.”

Il était impossible pour moi d’imaginer Danny vivre ailleurs que Newtown. Il investissait sur le long terme et dans des personnes qui lui faisaient confiance. Il était également impliqué dans son église et partageait souvent un message les dimanches après-midi malgré son look de rockeur et de hipster ! Sa capacité à détruire les idées préconçues était remarquable

 Commun-unité

Presque toute ma vie, j’ai toujours eu cette peur de rater quelque chose (FoMO, acronyme de l’anglais fear of missing out) qui est une sorte d’anxiété caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle importante ou un autre événement quelconque. Dans mon élan, je voyageais tout le temps et j’oubliais souvent de vivre pleinement là où j’étais installée. En vivant à Newtown, mon grand désir était de trouver, à mon tour, mon quartier. Je suis persuadée que nous pouvons vivre et consommer davantage local. Finalement, ne pouvons-nous pas nous concentrer davantage sur ce qui est là plutôt que sur ce que nous n’avons pas ?

Parfois nous n’apercevons que le besoin chez quelqu’un ou chez un groupe sans réaliser ce qu’ils ont à offrir et croyez-moi : vos voisins peuvent vous apporter bien plus que ce que vous ne pouvez l’imaginer. Les impliquer et les rendre acteurs, c’est possible. Rien n’est plus précieux que des relations sur le long terme, comme Danny a pu le vivre, où les personnes concernées se sentent accompagnées et développées. La reconnaissance de l’autre au-delà de sa situation, c’est finalement respecter sa réalité et ses choix. C’est considérer la personne dans son cadre d’exis­tence et lui glisser un regard bienveillant.

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