Myriam est une des rares amies que je connais depuis l’enfance. Sa famille d’origine algérienne est arrivée en exil dans notre village provençal en raison du danger qu’ils encouraient à cause de leur foi chrétienne. Très créative, elle développe aujourd’hui sa chaîne de podcasts et son talent de photographe.

Une foi, à la fois
Lors de son Master en journalisme, elle devait choisir un sujet qui allait représenter son mémoire. Naturellement, la foi a été un sujet personnel qu’elle voulait développer. Cependant, elle désirait l’aborder davantage sous un regard journalistique et neutre : concrètement avoir la foi, qu’est-ce que cela veut dire?
Aujourd’hui, en raison de son histoire, la France parle principalement de religions, d’institutions ou de croyances extrémistes. Très rarement de foi. Ce rapport intimiste à Dieu qui fait vivre des millions de croyants dans le monde. Généralement, la foi représente tout pour les croyants, pourtant elle n’est que très peu mentionnée dans les médias. Parler de foi ne remet pas en cause les valeurs de la laïcité cependant, il est particulièrement difficile de l’évoquer. Si nous aimons la chanter lors de nos baptêmes, nos mariages ou nos enterrements, souvent, il n’en est rien dans la vie de tous les jours.
Par foi, c’était l’autre foi
C’est ici qu’intervient Myriam, qui essaie de poser un regard différent. Ses podcasts racontent la foi intime que peuvent vivre différents croyants de confessions différentes. Elle nous partage trois “conclusions” de cette expérience.
– La première, c’est le rapport unique que chacun développe avec Dieu. Même si des personnes vivent la même religion avec des règles universelles, chacun aura une relation avec Dieu très différente.

– Ensuite, elle dément l’idée que la foi vécue est synonyme de faiblesse qui se dresse contre la science. Quel croyant n’a pas entendu dire que la religion était une solution facile dans le but de répondre à des questions complexes et angoissantes? Au contraire, les personnes qui vivent la foi ont une force en plus qui leur permettent de vivre des choses très dures, des persécutions et parfois, dans certains pays, la mort.
– Elle nous explique aussi que même si beaucoup peuvent nier l’existence de Dieu, les témoignages restent de solides convictions que nous ne pouvons pas remettre en question.
“Mais finalement, si tes parents étaient en danger, pourquoi n’ont-ils pas simplement nier leur foi ?”
Myriam explique que souvent la foi n’est pas totalement un choix ou une opinion politique, c’est une vie transformée et une relation qui transperce. Renier sa foi, c’est impensable pour des personnes croyantes puisqu’elle fait pleinement partie de leur identité.
“La science discute, prouve et doute ; la foi affirme, entreprend, agit.”
Henri-Frédéric Amiel
Enfant, elle m’explique qu’elle n’avait jamais remis en question sa foi et qu’elle s’était plus ou moins laissée guider par sa famille. Lors de son adolescence, il fallait qu’elle choisisse de croire en Dieu ou non afin d’appuyer sa foi lors de moqueries par exemple. Malgré les doutes et les remises en question, elle décida de développer sa relation avec Dieu. “Aujourd’hui, ma foi est la base de ma vie et elle est totalement personnelle.”
Myriam raconte: “Même si c’est très délicat de faire du journalisme autour de ce sujet, j’ai envie de continuer de communiquer sur ce que les croyants peuvent vivre et de leur donner la parole. Finalement, nous parlons des croyants dans les médias sans les croyants et sans leur demander leur avis. Mon mémoire m’a conforté dans mon choix et m’a révélé davantage la force et les mystères de la foi qui nous paraissent souvent insoupçonnés.”
Lors de la fin de sa présentation orale notée, les deux personnes qui faisaient partis du jury, à la fois juive et athée ont apprécié débattre en toute franchise autour de la foi. Myriam m’avoue avoir été passionnée par ce moment qui révélait la liberté de parole des membres ainsi que le respect mutuel qu’ils témoignaient. Elle avait réussi son pari.